Pêche de gros brochets en Bretagne

L’histoire commence par un coup de fil : Guy et ses amis souhaitent venir sur le lac St Michel quelques jours, et me prendre 2 jours de guidage. On cale pour moi une période favorable : aux alentours de la mi-octobre. Les blancs se rassemblent, le vent arrive, la température de l’eau chute…

Le samedi de leur arrivée, il y a tempête, impossible dès lors de mettre à l’eau. Le dimanche – je les avais prévenus bien en avance -, je ne peux malheureusement pas les guider. Néanmoins, je leur dis que cela risque d’être bon, car cela cale les blancs en bancs, ça fait bouger les brochets, et qu’en plus, les vents ne changent pas les 2 jours suivants…

Ils vont donc sur le lac sans moi, mais ils sont de bons pêcheurs. Je ne doute pas qu’ils arrivent à pêcher sans mon aide. Rien qu’au téléphone, j’aie compris qu’ils ne sont pas manchots et qu’avec 2/3 infos, ils s’en sortiront. Le soir, le coup de fil tombe, Guy a pris le plus gros brochet de sa vie : 1m10 !!! Il me raconte l’histoire au téléphone : « ça ne fait que quelques minutes que l’on pêche, et je pêche le bord. J’ai à peine lancé quelquefois un petit leurre, et je me retrouve pendu à un gros morceau ! Le combat n’est pas très violent, et tout se passe bien ».

Il relâche le brochet après quelques photos. Je lui demande : et autres choses ? Il me répond « Oui, je n’ai jamais vu un poisson aussi gras de ma vie ! Mais, ce qu’il a l’air dur ce plan d’eau ». Je lui expliquerai le lendemain pourquoi il est parfois aussi compliqué… Et j’ajoute : « on vient ici pour le poisson de sa vie, pas pour prendre des riflettes (sourire), ce qui augmente la difficulté ».

Le second jour, on se retrouve le matin dans le noir, à la cale. Guy est déjà très heureux, et facilite mon insertion dans le groupe. Je leur explique mon plan pour la journée, tout en disant que suivant les vents, ou la pêche, celui-ci peut vite changer.

On pêche une première anse, pendant un peu plus de 2 h. On lance sur une faible pente entre le bord et 3 m de profondeur, tout en essayant de ne pas oublier un endroit. Après 2 h de ponçage, pas un poisson, pas une touche. Je leur dis que c’est normal, la densité de brochet n’est pas grande. Ici à Brennilis, on est uniquement là pour les gros. On finit l’anse, et on prend enfin un joli 82 cm. Ouf, en tant que guide, ça détend !

Arrive midi, et le temps Breton commence à virer à l’Irlandais ! Comprendre de grosses pluies… On mange sur une table en bois, avec les sandwichs et salades qui commencent à avoir un gout d’eau ! Mais l’ambiance est là, c’est le principal, et ça donne envie d’y retourner.

On ponce 2 spots pendant 2 nouvelles heures, pas de touche… Le lac tient sa réputation, c’est dur, mais la bande en a connu d’autres. Tout le monde voit que sans écho sondeur, je connais bien les zones, les cassures. Ils me font confiance, et même quand ça ne paye pas, ils gardent le moral.

On pêche autour d’une nouvelle zone, et Fred se fait atteler en finissant celle-ci, après plus d’une nouvelle heure de pêche. C’est lourd, ça combat tranquillement. Un poisson sûr de lui, et qui prend du frein. Il pêche avec un leurre de 25 cm, connu par les pêcheurs de brochet.

J’ai oublié de préciser, que l’on pêche depuis 3 h maintenant sous une forte pluie (qui ne fait qu’augmenter), et qu’on n’a pas eu une touche de l’après-midi ! On mesure ce nouveau poisson, verdict : 1m11. Une question m’est posée : qu’est-ce qu’on fait, on reste sur la zone ? La réponse est ferme et définitive : oui, on ne bougera pas.

Et arrive ce qui devait arriver, mais au plomb palette (oui, vous avez bien lu), Fred reprend un brochet de 1m12 alors qu’il s’était mis à pêcher la perche !!!

Si vous regardez attentivement, vous vous rendrez compte, que c’est le même brochet, le poisson devait simplement être plus détendu lors de la seconde mesure ! Ce brochet a donc été pris 2 fois, en l’espace d’un peu moins de 2 heures, par la même personne, avec un leurre de 25 cm, et avec la technique du plomb palette. Et c’est votre auteur, qui s’en est rendu compte, seulement maintenant en écrivant ces lignes et en regardant les photos ! fun, non ?

3ème jour de pêche, on change de cale de mise à l’eau. Non pas que ça n’aurait pas été chouette de retourner sur l’autre, mais j’ai envie de leur montrer l’autre partie du lac, où la semaine dernière c’était bon ! Je pense passer au minimum, toute la matinée, sur une anse.

On la pêche méticuleusement. Le vent n’est pas encore là, mais il arrive au fur et à mesure. Je ne sens pas le coup, et le fait savoir après une heure de pêche. Par rapport à la semaine dernière, la température de l’eau a chuté de 6 degrés depuis avant-hier, et encore d’un degré dans la nuit.  On est d’accord, pas d’activité, on change les plans. Le vent est légèrement différent par rapport à hier, et je dis qu’on doit pêcher au minimum dans 1m50 d’eau. On pêche quelques places entre 1m50 et 4m. Et on trouve un endroit propice où le vent vient taper dessus. Il est très grand, et pour une fois, on voit que la reproduction des blancs s’est bien passée cette année sur le plan d’eau.

On pêche, et après un peu plus d’une heure sur zone, c’est la touche de gros. Comme bloqué au fond. Guy, qui est très loin d’être un pêcheur du dimanche, ferre. Le poisson bouge lentement, il est à peine à 10 m du bateau. Et là, il fonce sur celui-ci, puis passe dessous. Je vois Guy qui plonge la canne dans l’eau et se met à genoux contre le rebord. Il tourne autour du bateau. On voit que le poisson est très malin. Et ça continue, Guy passe à bâbord, puis de nouveau à tribord. Le cinéma dure bien 2 bonnes minutes. Enfin, c’est la mise à l’épuisette. On n’en revient pas, je dis à Guy que ça doit faire 1m20… On décroche l’hameçon simple. Oui, le leurre ne fait qu’à peine plus de 10 cm… Les blancs étant très petits autour, autant ne pas pêcher gros !!!

On mesure, verdict : 1m21 !!! On décide de s’y mettre à 2 pour soulever ce Brochiosaure ! Il est très massif, remarquablement gras comme ils le sont généralement sur le lac. On prend 4 photos en quelques secondes, et on le remet à l’eau.

On le laisse reprendre ses esprits. Je dis : « Hey les gars, vous savez quoi ? J’ai un pike de plus d’1m20 dans les mains ». On rigole, et on se demande combien il pèse. On a beau avoir un peson sur nous, on décide de ne pas le faire pour ne pas l’abimer, il est tellement beau et massif…

Pas facile d’estimer le poids qu’on se dit. Et à ce moment-là, alors qu’il est dans l’eau depuis quelques dizaines de secondes, le brochet me donne le signal qu’il est prêt à repartir. Je le lâche, et Guy et moi, on se prend une bonne douche, sa queue a en effet envoyé de l’eau à environ 60 cm de hauteur. Quelle puissance ! Guy et moi, on se tombe dans les bras.

On continuera à poncer… 2 autres stops dans la journée, mais 2 poissons de ratés, et pas d’autres touches. Le lac est fidèle à lui-même. On me fait savoir que j’ai vraiment bien accompagné ! Guy et ses amis me remercient chaleureusement… Et je termine cette histoire de pêche en leur disant qu’on a fait une sacrée équipe !

Si vous souhaitez être guidé au Brochet en Bretagne, c’est ici que ça se passe :

Pour finir, le bilan : 4 poissons métrés (1m10, 2 X 1m11, et  1 m21), un non-métré (82 cm). 4 leurres différents (entre 5 et 25 cm). Un seul brochet prit grâce au sondeur, mais le plus gros… Et enfin, beaucoup de rigolade, et une chouette entente. Merci à eux et merci à vous de m’avoir lu !