Prendre un saumon en Bretagne est magique ! Surtout si celui-ci est de printemps.
Corinne m’a appelé en novembre dernier, dans le but de faire un cadeau de noël à son mari, et en ajoutant qu’elle aussi souhaitait (selon ses mots) « bien sûr l’accompagner en pêchant ». Elle me précise, qu’elle n’a en tout et pour tout, que pêcher « une dizaine de fois » dans sa vie, et que ce serait leur première venue en Bretagne. Je me souviens qu’elle m’a dit que ce serait peut-être un peu tôt dans la saison, et qu’il pleuvrait en mars. Bien au contraire, lui ai-je répondu ! La pluie est bonne au saumon, et si l’on a de l’eau, c’est mieux pour de la pêche sportive ! Au final, elle est ravie de notre discussion téléphonique, et me réserve une journée « carte-cadeau » sur ma rivière de cœur : le Léguer !
L’apprentissage et la maitrise de la pêche au saumon, demandent des années. Et c’est là, en tant que guide, que j’interviens. Je dois en 1 journée (comme dans ce cas-là), parfois 2 ou 3, me débrouiller pour mettre les pêcheurs débutants dans cette pêche dans les meilleures conditions, et choisir la stratégie suivant le niveau de chacun.
Je me permets d’ajouter que la confiance et la bonne humeur entre un guide et les personnes accompagnées, doivent être bonnes, pour optimiser au maximum la réussite. Elle et son mari Fred était très heureux dès le matin, tout simplement d’être ensemble, et d’aller à la pêche avec moi. Et ça, ça motive un guide !
Après un premier endroit « d’apprentissage », je sais que c’est le moment d’aller sur un bon spot. On a pris une décision entre nous, Fred est un bon pêcheur et gentleman, pêche là où c’est le plus dur. Et je choisis, en prenant mon temps, les spots adaptés au niveau de Corinne, puisque j’estime que débutante ou pas, elle doit avoir « autant de chance » et prendre du plaisir d’être au bord de l’eau et de pêcher.
Je choisis aussi les leurres : pour Fred, un leurre breton, et pour Corinne, un leurre dur à bavette.
Elle lance plusieurs fois en « dévalant », passe ce premier pool, puis on arrive au second, lui moins connu. Elle lance une première fois, puis une seconde. 2 tours de manivelle, et là, juste avant que le leurre disparaisse dans la couche d’eau, surgit un saumon. Près d’une pierre « invisible » petite et seule dans le fond. Il prend le leurre en remontant, secoue la tête encore légèrement immergée, et se retourne doucement. Tout ça de visu, quel plaisir j’ai pris en observant la scène, qui a bien pris 2 secondes (en tout cas dans mon esprit) et qui me rappelle la pêche du saumon à la mouche !!!
Corinne n’avait jamais pris un aussi gros poisson, et le combat n’était pas joué d’avance. Je l’ai rassuré autant que possible pendant ces quelques minutes et lui est expliqué « en live » ce qu’il fallait faire. Son mari n’a pas stressé, et a bien aidé sa femme à la fin du combat, en lui donnant de bons conseils. Mais où étais-je à la fin ? Eh bien, en contrebas pour épuiser !
L’opposition a ensuite été courte, mais intense. J’ai « berné le saumon », en dissimulant mon épuisette façon Mr Bible du saumon (alias Hugh Falkus) et mis le saumon rapidement à l’épuisette en ayant attendu le bon moment. On mesure : 79,5 cm pour environ 9 LBS !
Juste après avoir pris les photos, elle m’a dit que la nuit précédente, elle avait rêvé de prendre son saumon. Ça ne s’explique pas… c’est ça les histoires de pêche au saumon !
Comme dans un rêve, je vous dis !