Saumon : 10 paramètres importants pour en prendre !

La quête d’un saumon pris sportivement – à savoir au leurre ou à la mouche – en France est probablement ce qu’il y a de plus intéressant dans notre pays. C’est la pêche la plus dure, mais aussi pour moi, le plus beau des poissons à prendre. J’ai classé en 10 points, du plus important au moins important, de manière subjective et de mon point vue, ce qui fait qu’on maximise la « chance de prendre un saumon » ! Avec quelques parallèles avec la pêche en Irlande.

1– le niveau de l’eau

De très très loin le point le plus important ! Lorsque le pêcheur sportif de saumon a compris qu’il faut pêcher après un coup d’eau (même une hausse de 5 cm), ou lorsque le niveau d’eau est haut, voire très haut, il aura compris le paramètre le plus important de la pêche au saumon. Bien sûr, il faut savoir s’adapter, mettre le leurre ou la bonne mouche pour pouvoir pêcher. Mais une rivière « en ordre », est de loin le paramètre le plus crucial. Un exemple ? Prenons la Moy : en juillet, la rivière produit environ 800 à 4000 saumons. Les pêcheurs connaissant bien la rivière, savent que l’unique vraie différence, c’est le niveau d’eau ! Un mois de juillet pluvieux, et c’est la folie ! Un mois sec, et malgré le nombre de saumon dans la rivière, peu de pêcheurs auront la joie d’en prendre plusieurs !!!

Pour un pêcheur sportif, ce sont les poissons qui « bougent » qui sont mordeurs. Et pour qu’ils progressent et avancent le long de la rivière, il faut de l’eau, si possible beaucoup ! C’est ce qui les rend agressifs, et qui fait qu’on prend ou non un saumon dans la grande majorité des cas.

L’eau s’est teintée, puis éclaircie, elle a augmenté de 40 cm, c’est le moment de pêcher le saumon et de laisser ses autres activités de côtés.

2– Le nombre de saumon dans la rivière

Plus une rivière a de nombreux saumons, et plus on a la chance d’en prendre. Logique non ?! Bien que breton, je ne peux pas m’empêcher d’aller pêcher le saumon à côté de chez moi : en Irlande. Quand je vois le temps passer au bord de l’eau en Bretagne, et le peu de poissons de pris ! Alors que je sais qu’en Irlande, en 3 jours, j’en aurai au moins pris un voire plusieurs, je ne comprends pas forcément la logique de rester ici alors qu’il n’y a pas d’eau, donc pas de poisson mordeur… Il faut se déplacer, voire voyager ! C’est l’une des qualités du pêcheur sportif, savoir s’adapter !

Un point important : contrairement à ce que les scientifiques français nous font parfois croire, le nombre de saumon dans la rivière n’a rien à voir avec le nombre de tacons qu’il y avait dans la rivière ! En effet, le paramètre de ce qui se passe en mer n’est pas à négliger… En France, les filets sont très présents aux estuaires, légalement en Bretagne sud pour le saumon, mais illégalement en Bretagne nord (c’est le cas depuis 2 mois chez nous). L’un et l’autre sont le cadet des soucis de nos fédérations et autres instances qui sont pourtant au courant… Bien sûr, le rapport tacon/saumon et TAC pourrait avoir un rapport, si au minimum, tous les filets étaient interdits en estuaire et à moins de 16 km des côtes, comme c’est le cas dans la plupart des eaux Irlandaises. Mais chez nous, on délivre des permis de pêche « daurade » aux professionnels, qui permettent de pêcher très proche des estuaires, et je le répète, en ce moment même, de prendre illégalement des saumons au filet en Bretagne nord… Tout ça pour dire, que les TAC n’ont absolument aucun sens, et qu’il ne faut pas du tout se fier aux « approches scientifiques » qui nous disent que telle ou telle rivière est extra ou nule…

L’Aven en « ordre ». On dit d’une rivière à saumon « qu’elle est en ordre », lorsqu’elle est pleine et belle !

3 – la pression de pêche et sa gestion

La pression de pêche, en France, est la plus grande au monde sur le saumon… alors même qu’on a peu de saumon. Là, le pêcheur ne peut pas faire grand-chose, à part encore une fois, aller à l’étranger…  Mais il peut tout de même aller là où il y a le moins de monde sur la rivière, voire changé de rivière si celle-ci est trop fréquentée. Comme m’a toujours dit mon papa Patrick Lebreton : « Mieux vaut un saumon à prendre pour 5 pêcheurs, que 2 pour 100 pêcheurs » !

Il n’y a aucune gestion de fait pour contrôler la pression de pêche sur le saumon (encore une exception française). Je donne souvent cet exemple-là : en Irlande, dans le Kerry, on peut espérer prendre 2 saumons par jour quand les conditions sont bonnes, et 3 personnes pêcheront la rivière (soient 6 saumons à prendre potentiellement). Pour le même « type » de rivière, en France, avec de bonnes conditions, 2 saumons seront à prendre au maximum, pour au minimum 50 pêcheurs…

Le dernier point important : titillé et embêter les saumons par eau basse, les « éduquent », et c’est une spécialité française… Parfois, une rivière Irlandaise n’est pas pêchée pendant 15 jours, et lorsqu’il y a de l’eau, on a plus qu’à « mettre le leurre dans l’eau » pour en prendre. Alors qu’en France, comme le 13 juin 2020 par exemple sur le Léguer, il a fallu 10 suivis dans la journée (et de nombreux autres saumons vus), pour ne prendre qu’un seul poisson, alors que les conditions étaient excellentes et la rivière pleine de saumon de printemps !

4 – Connaissance du milieu et son évolution (adaptation du pêcheur)

Suivant le niveau de l’eau, on ne pêche pas le saumon sur les mêmes places. Plus l’eau est haute, plus on les prend en queue de pool, plus l’eau est basse, plus on ne les prend… pas. Non, plus sérieusement, par niveau moyen, on les prend plutôt dans les courants ou dans les trous.

Avec de l’eau, ils se font prendre plutôt en haut de la rivière, et plus l’eau est basse, plus ils seront pris en bas.Il faut suivre l’évolution jour après jour, voire semaine après semaine pour comprendre ou se trouve les bancs de saumon, c’est un des paramètres clés !

Bien sûr, un bon pêcheur de saumon, connait ses rivières. Il ira plutôt à un endroit qu’à un autre, et plutôt sur telle rivière plutôt que sur une autre suivant le niveau d’eau. Il faut s’en cesse s’adapter aux conditions !

Le Léguer, avec des conditions parfaites ! 2 jours après une grosse pluie de printemps, je perdrais ce jour-là un saumon !

5 – les heures d’arrivées des saumons sur les pools et son propre déplacement

Rappelons un point précis : le pêcheur sportif au saumon, est forcément quelqu’un qui se déplace le long de la berge, et par conséquence qui laisse la chance d’en prendre aux autres. C’est une règle « non écrite », mais pour tout pêcheur de saumon qui se respecte, cela va de soi !

Ceci étant dit, certains pools, reçoivent des migrations à des heures bien précises ! Rappelons, même si ça va de soi, que le pêcheur sportif prend surtout les poissons qui se déplacent…Tout comme lui-même… Il faut donc essayer d’être « au bon moment, au bon endroit ». Sur certains spots, ce sera la marée qui décide, sur d’autres, le changement de temps, ou encore des changements de luminosité par rapport à l’heure. Enfin, il ne faut pas oublier ceci : suivant les précipitations, et la montée des eaux, ou sa descente, les saumons aiment être dans des endroits bien précis de la rivière !

Les marées auraient pu mériter un paramètre à elle seule. Mais c’est surtout en début de saison qu’elles ont véritablement de l’importance. Lorsqu’il n’y a pas beaucoup de saumon dans la rivière, et lorsqu’elles sont petites. En effet, sur les petites rivières, les meilleurs coeff vont de 60 à 90, mais sur les grandes rivières, peu importe. Les saumons remontent par tous les coefficients, du moment qu’il y a de l’eau dans la rivière.

6 – la qualité de pêche du pêcheur

Savoir utiliser correctement un leurre, ne pas faire de « plouf », savoir placer une mouche là où il faut, fera à la fin de l’année, ou au moins au bout de 10 ans, que le meilleur pêcheur, aura pris au moins 3 fois plus de saumon, en 3 fois moins de temps qu’un pêcheur lambda ! Non, la pêche au saumon, n’est pas une pêche « conne » comme j’entends parfois, c’est même tout le contraire ! Si c’était le cas, ce ne serait pas tout le temps les mêmes pêcheurs qui prennent le plus de saumon.

7 – La pugnacité et ténacité du pêcheur de saumon : un vrai combat mental !

Être pêcheur de saumon, c’est être téméraire. Que l’on y passe 5 jours par an, ou 200, il faut se battre contre soi-même, contre sa fatigue, contre son envie d’aller au chaud, ou de faire la grasse matinée. Mais surtout, il faut y aller au bon moment. Vous l’aurez compris, quand il y a de l’eau !

8 – pluie et/ou nuage

Une petite pluie, peut tout changer ! Quelques gouttes sur la rivière, et hop, les saumons deviennent d’un seul coup agressif. Des nuages passent, c’est pareil, le changement de luminosité, peut faire réagir un saumon ! Le grand soleil est lui rarement bon, même si tout pêcheur de saumon en a déjà pris par un « grand soleil ».

Certains courants (ici sur le Couesnon), se prêtent davantage à la pêche à la mouche qu’au lancer

 

9 – le leurre ou la bonne mouche

Pêcher avec une mouche N°10 ou un leurre de 3 cm en plein hiver, laisse peu de chance au pêcheur ! De même, j’ai vu également des pêcheurs en pleins été, avec des leurres de 9 cm ou des mouches N°2, je leur souhaite du courage ! Avoir le bon leurre ou la bonne mouche, dans le bon courant suivant l’époque de l’année, est primordiale.

Certains courants sont plus appropriés à la mouche, d’autres plus aux leurres ! Alors que l’ancienne génération, en Irlande, se baladait souvent avec une canne au vers et une canne à mouche (ou une canne à lancer et une canne au vers), la nouvelle fait de même, mais avec une canne à lancer et une canne à mouche. Le but ? Pêcher efficacement ! Les courants (début et fin de pool) qui se prêtent le plus à la mouche, sont pêchés avec celle-ci, et au lancer sont pêcher les « trous » ! On remarque l’ouverture d’esprit des Irlandais, par rapport au français » fly only » ou « lancer only ».

10 – le matériel utilisé

Je vous renvoie au lien suivant pour les cannes à pêche :

Il est important de ne pas pêcher avec des cannes « raides », et de pêcher en nylon, et non en tresse. Il faut aussi un moulinet « costaud », capable d’encaisser les rushs du saumon, avec un frein progressif. Mais pas besoin de la dernière technologie, j’utilise parfois encore un moulinet « crack saumon » vieux de 50 ans et il fait très bien l’affaire !

Niveau d’eau bas hier (0,51 cm), le Léguer va être parfait ce weekend pour le pêcheur sportif !!!

Pour conclure, regarder les courbes sur « vigicrues » est pour le pêcheur de saumon, un vrai atout ! Surtout quand l’on habite loin… Savoir que ce weekend par exemple, le 9/10 et 11 avril 2022 sera peut-être le meilleur weekend de l’année (s’il ne repleut pas), est primordiale. Alors à vos cannes, et let’s go fishing !